Les Jardinets à Luzancy
La propriété des Jardinets s’est transmise de diverses manières : héritage, indivision, veuvage, vente, viager, rachat de soulte - tandis qu’alternaient propriétaires, en résidence principale ou secondaire, et locataires. Au 19e siècle, on hérite davantage, tandis qu’au 20e, on achète.
Grâce aux historiques de propriété, dont j’ai pu retrouver la trace à partir de l’acte d’achat, je peux désormais établir de façon précise la liste des propriétaires jusqu’en 1779, et formuler une hypothèse pour la période qui précède et qui correspond très probablement à la construction de la maison.
Il s’agit en réalité de trois corps de bâtiment qui, de gauche à droite (cf ci-dessus) se décomposent en une grange devenue habitation, une maison d’un étage avec grenier et d’une maison à deux étages avec un grenier aujourd’hui aménagé en troisième étage.
Au 18e siècle, ces trois éléments n’étaient pas encore réunis et il est encore difficile d’établir de façon précise de quelle manière ils étaient répartis, c’est-à-dire en deux ou trois éléments distincts. Ce qui est certain, c’est qu’ils furent réunis en 1882 par Eugène Mégret, architecte de la Ville de Paris, qui réalisa de nombreux travaux pour en faire une grande et belle demeure bourgeoise.
Parce que les Gatellier sont une famille de maçons depuis au moins le 18e siècle, parce que le canton des Jardinets s’est développé dans les années 1750 sous l’impulsion du Comte de Bercheny qui entreprit l’agrandissement du domaine de Luzancy, et parce que Gatellier «père» se maria en 1758 et eut, onze mois plus tard, un fils dont on sait qu’il fut propriétaire des Jardinets puisque nous savons que son propre fils en hérita, je fais l’hypothèse que les deux principaux corps de bâtiment, à défaut des trois, furent bâtis par Gatellier «père» aux alentours de 1758 afin d’y installer son foyer.
Après quoi, son fils en hérita en 1816 après le décès de sa mère, et il la transmit à son fils par testament en 1827. Celui-ci y résida 7 années avant de la revendre à demoiselle Anastaise Hébert qui y vécut 45 ans avec Charles Bellenger, son époux en secondes noces - détenant ainsi le record de durée dans cette maison. À la mort de celle-ci, en 1879, ses deux filles, Marie et Claire Drémont, issues d’un premier mariage, en héritèrent. La propriété resta en indivision durant trois ans jusqu’au décès de Marie en 1882 ; sa soeur cadette, qui était installée à Condé en Brie dans l’Aisne, revendit la maison en l’espace de cinq mois.
Quant à la grange, devenue peu à peu une maison d’habitation, elle appartint à une autre branche des Gatellier : Nicolas (ca 1709 - 1749) et son épouse Marie Jeanne Langlois (1715 - 1779), leurs enfants, et enfin Jean Louis Ladislas, fils de Jean Pierre Gatellier «fils». C’est ce dernier qui, également en 1882, revendit à Eugène Mégret la partie qui lui appartenait.
En 1913, Mégret décède, laissant son épouse, Eugènie Poirier, seule propriétaire après y avoir vécu 31 ans. Sa veuve lui survivra 7 années, à l’issue de quoi, sans descendance, elle léguera la maison en indivision à 1 neveu et 10 nièces. On est en septembre 1920 ; deux mois plus tard, la maison est rachetée par Pierre Etienne Giet, petit-neveu de la défunte et fils d’une des héritières. Il n’y reste cependant que trois ans avant de revendre, en 1923, à Georges Jouannin et Victoria Lestouvenou. Neuf ans plus tard, nouveaux décès et nouveau testament : Georges Jouannin n’ayant pas de descendance, c’est Alice Maucolin, fille de Victoria Lestouvenou en premières noces, qui hérite des Jardinets ; mais, installée à Pléneuf-Val-André dans les Côtes d’Armor, elle revend la maison deux ans plus tard. C’est Antoine Conte qui s’en porte acquéreur : il devait en être le propriétaire durant 22 ans.
En 1956, c’est un couple de cultivateurs charentais qui se porte acquéreur de la propriété. Ils en restent propriétaires pendant six ans puis revendent à un couple issu de l’émigration polonaise, Stanislas Dziergowski et Maria Szelag qui y vécurent ensemble durant 17 années. En 1979, Maria Szelag décède ; son époux vécut les dernières années de sa vie dans la maison où il décède en 1985. Leur fille, Jadwiga, hérite mais ne vient pas s’installer à Luzancy car elle vit à Nevers avec son époux : la maison est donc mise en location durant 19 années, avant d’être rachetée en 2004 par un jeune couple qui réalise d’importants et remarquables travaux de restauration. Quatre ans plus tard, la maison est à nouveau vendue : les nouveaux propriétaires y résident de 2008 à 2012 avant de céder leur place à des locataires.
Deux ans plus tard, en 2014, ma future épouse et moi-même avons acquis les Jardinets : c’est là que notre fils est né en 2016. Suite à notre divorce, et après des années de procédure, j’ai racheté la soulte (en 2024) faisant de moi le 17e propriétaire de cette maison depuis sa construction au milieu du 18e siècle. Elle fait désormais partie du patrimoine de mon fils qui y est très profondément attaché : il en héritera un jour et c’est lui qui continuera d’en écrire l’histoire.
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